Pourquoi le DicoPart ?

Le Dictionnaire critique et interdisciplinaire de la Participation, DicoPart constitue une ressource pour les études sur la participation, la démocratie et la citoyenneté. Il vise à rendre compte, à partager et à structurer les enjeux, les débats et les apports des recherches dans ce domaine d’étude dans l’espace francophone, pour toutes les disciplines des sciences humaines et sociales. La participation est un thème structurant des sciences sociales, qui a profondément renouvelé des approches de théories politiques et des perspectives sociologiques. Cette publication centrale et accessible s’adresse aux étudiant·es, enseignant·es, chercheur·es, praticien·nes et citoyen·nes qui s’intéressent aux enjeux de démocratie et de participation, afin de les soutenir et les outiller dans leurs pratiques et leurs réflexions.

En 2022, la deuxième édition du Dictionnaire de la Participation actualise et étend le projet éditorial de la première édition en 2013. En une décennie, le domaine des études de la participation a connu une expansion continue et l’émergence de nouveaux questionnements, objets, problématiques : en lien avec l’impératif participatif et la théorie délibérative, avec la diffusion des sciences et recherches participatives, avec les technologies et usages du numérique, ou bien autour des expérimentations démocratiques, environnementales ou sociales, de l’institutionnalisation de nouveaux dispositifs, des budgets participatifs aux assemblées citoyennes, et des contraintes institutionnelles, politiques et sociales auxquelles ces expériences se confrontent.

Le comité éditorial et scientifique a souhaité porter une attention particulière à la diversité des usages des termes et des expressions inventoriées, à la fois dans le langage courant, savant, militant, technique, politique… DicoPart aide à mettre à jour et à penser les décalages et les distorsions entre ces contextes, également afin d’interroger les conditions de traduction et de compréhension entre différentes positions et points de vue. Pour ce faire, le dictionnaire rassemble et documente les mots à travers lesquels différents acteurs définissent, pratiquent et théorisent la participation du public en démocratie.

DicoPart est un dictionnaire encyclopédique qui ne vise pas à figer des définitions restrictives, mais à engager une réflexion sur les usages de ces mots, afin de restituer les controverses et les luttes de définition dans lesquelles ils s’inscrivent. Ainsi, les notices rassemblées ouvrent une porte sur le monde composite et hétérogène des acteurs (théoricien·nes et praticien·nes) de la participation. Elles en explorent les principes et les pratiques, afin de clarifier les termes des débats que suscitent la participation et la délibération démocratiques.

Les consignes de rédaction adressées aux auteurs et autrices reflètent ces préoccupations. le comité éditorial leur a ainsi suggéré de particulièrement veiller à quatre éléments essentiels dans leur notice :

  • Expliciter le lien entre un terme ou une notion et les enjeux de participation démocratique, autant d’un point de vue théorique que pratique.
  • Porter une attention particulière à la diversité des usages du terme, selon les contextes et les acteurs qui s’en saisissent.
  • Restituer les controverses qui entourent ce mot, dans la littérature scientifique, la production institutionnelle et le monde social.
  • Rendre accessibles les principaux résultats consolidés et souligner les enjeux saillants pour la recherche et la société.
bibli

Navigation et lecture du Dictionnaire de la Participation

Le site du DicoPart se présente comme un ouvrage tirant partie des nouvelles solutions de recherche textuelle. Le module de la 2ème édition se concentre sur la possibilité d’effectuer facilement des recherches entre textes liés, par le recoupement des mots-clés, la glossairisation automatisée et l’indexation du contenu de chaque notice. Chaque notice est en outre reliée à un ensemble de notices associées.

DicoPart propose deux voies principales de navigation : alphabétique et thématique.

  • L’index alphabétique reprend l’ensemble des notices de A à Z, toutes éditions confondues.
  • L’index thématique permet d’entrer dans les notices par un ou plusieurs axes thématiques ou des mots-clés, définis par le comité éditorial. Lors d’une requête dans le moteur de recherche sont suggérés en auto-complétion : les titres des notices, les noms des auteurs et autrices, les mots-clés associés. Il est également possible de lancer une recherche sur tout autre terme ou expression dans le texte intégral des notices. La recherche fait remonter en priorité la version la plus récente d’une notice. Pour consulter la première version d’une notice actualisée, cliquez sur le marque-page indiquant l’édition depuis la page de la notice.

En matière d’intertextualité, une fois sur la page d’une notice, il est possible de retrouver facilement dans le haut de la page : les « notices associées » et les « mots-clés ». A partir d’un clic, il est possible d’accéder directement aux notices associées ou de lancer une recherche à partir des mots-clés. Les notices associées sont liées automatiquement : ce sont les autres notices dont le titre est mentionné dans le texte d’une notice. Les mots-clés sont suggérés par les auteurs et autrices et mis en forme par l’équipe de rédaction du DicoPart.

En addition, dans chaque texte des renvois vers d’autres notices du DicoPart apparaissent. Une partie est générée automatiquement : les titres d’autres notices sont affichés en bleu et en gras. Au survol de ces liens automatiques, on voit apparaître un cadre qui affiche en superposition la définition courte du terme. Un clic permet d’ouvrir la page de la notice. Le reste des renvois intertextuels, en orange, vers d’autres notices du DicoPart, sont ajoutés par l’équipe de rédaction. On cumule donc un renvoi textuel automatisé (bleu, gras) et un renvoi contextuel éditorialisé (orange).

Par ailleurs, les auteurs et autrices se voient aussi offrir la possibilité d’ajouter à leur notice une illustration (une photographie personnelle ou une image libre de droits), afin d’agrémenter la page de leur notice si elles et ils le souhaitent. Certaines images permettent une description visuelle du sujet, quand d’autres livrent une relecture imagée, métaphorique ou décalée, qui peut donner une clé de compréhension supplémentaire de façon intuitive.

Enfin, la deuxième édition 2022 du DicoPart reprend une fonction appréciée dès la première édition 2013 : « découvrir un mot au hasard ». Depuis la page titre du DicoPart, il est possible de parcourir au hasard n’importe quelle entrée du dictionnaire, avant de relancer le dé en cliquant sur le bandeau jaune pour « voir un autre mot au hasard ». Sur cette page titre, on retrouve également une sélection automatique des notices les plus consultées.

Les membres du comité éditorial proposent également leur propre parcours de lecture dans le sommaire, au travers d’un grand axe thématique, autrement dit une sélection de notices illustrant les apports spécifiques de la réédition du DicoPart sous cet angle.

 

Périmètre du DicoPart

Interdisciplinaire

Les échelles conceptuelles ainsi que les champs d’application de la participation incitent à l’approcher selon une logique interdisciplinaire. Les termes étudiés gagnent ainsi à être abordés selon plusieurs disciplines et en se centrant sur leurs usages. Pour concrétiser cette interdisciplinarité, le comité éditorial, lui-même pluridisciplinaire, a donc cherché à diversifier les contributions. Le sommaire du DicoPart n’enferme donc aucun terme dans un domaine scientifique circonscrit et les auteurs et autrices sont invités à réfléchir à leur positionnement par rapport à chaque notion. Ce dessein est aussi réalisé par la rédaction de notices complémentaires sur des notions proches, qui peuvent explorer diversement les aspects sociologiques, historiques, politiques, philosophiques… d’une notion. En ce sens, chaque auteur ou autrice est aussi invité à expliciter son appartenance (pluri)disciplinaire, pour partager avec le lectorat d’où il ou elle parle. Ce cumul de perspectives permet aussi d’envisager le domaine des études sur la participation et la démocratie comme un champ propre, et que le DicoPart contribue à discuter, figurer et structurer.

Critique

La posture critique d’un dictionnaire va avec l’idée d’interroger et de mettre en débat les définitions courantes, établies, dominantes, pour les restituer comme des élaborations sociales et historiques, produits de la conjoncture et de l’activité humaine. Le Dictionnaire de la Participation mobilise la critique comme outil de vérification continue, visant à ne pas prendre pour acquis tel ou tel usage. Il peut s’agir d’une critique explicative, c’est-à-dire d’une présentation des significations entre différentes disciplines, ou de l’analyse diachronique de l’évolution d’un terme, dans différents espaces-temps. Enfin, la critique est informatrice, lorsqu’elle explicite les questions posées par certaines terminologies sans viser à « se mettre d’accord sur la signification », sans pour autant omettre de souligner les limites des définitions issues du sens commun et de l’usage ou qui en interroge le sens intentionné de ses usagers. La critique vaut invitation à la réflexion et à la mise en perspective des points de vue.

De la participation, la démocratie et la citoyenneté

Pour son édition 2022, le Dictionnaire de la Participation prolonge son périmètre pour intégrer explicitement des termes relevant plus largement des études démocratiques. Il s’agit ainsi d’élargir la focale, au-delà des principaux termes du débat public et de la participation. Cette exploration fait écho à des espaces proches de recherche et de publication scientifiques, dont la revue Participations : revue de sciences sociales sur la démocratie et la citoyenneté. Le Groupement d’Intérêt Scientifique : Démocratie et Participation (Gis-D&P), qui édite le DicoPart, comporte dans son projet scientifique une évolution thématique forte. D’abord, un focus toujours maintenu sur l’institutionnalisation et la professionnalisation de la participation du public aux processus décisionnels, mais avec un élargissement nécessaire vers les pratiques informelles de participation, porteuses d’une critique du politique et de la décision. Ainsi, les travaux du GIS-D&P couvrent un spectre allant de l’investissement de la participation par les mouvements sociaux comme vecteur d’empowerment, d’émancipation, aux usages de la participation comme instrument de gouvernement de l’action publique et des conduites sociales. Ces évolutions thématiques se reflètent dans le programme de recherche 2023-2027, présenté lors du Congrès 2022, avec cinq grand thèmes : (1) Institutions ; (2) Écologie ; (3) Savoirs ; (4) Capitalisme ; (5) Autoritarisme. L’édition 2022 du Dictionnaire de la Participation reflète ce programme par la sélection de nouvelles notices, avec également des éclairages internationaux, qui viennent nourrir ces perspectives et approfondir les enjeux, les espaces et les temporalités de l’analyse de la démocratisation de la décision collective.

historique

Historique du projet, 2013-2022

Lors de son lancement, le DicoPart avait pour ambition de combler un manque, en l’absence de travail de recherche entièrement consacré à l’analyse des mots de la participation et de leurs usages. Si la rhétorique participative est un sujet très traité, surtout dans les travaux dédiés aux nouvelles formes de participation et de la démocratie, la question des mots dont se nourrissent les practien·nes et les théoricien·nes de la participation restait négligée. À lui seul, ce constat suffisait à reconnaître l’utilité d’un dictionnaire de la participation, en plus d’autres raisons qui ont guidé les membres du Gis-D&P pour publier ce dictionnaire. Si le travail est toujours en cours, le pari a été en partie réussi, comme le résument avec bienveillance deux collègues extérieures à l’aventure :

Il est aujourd’hui possible de considérer la participation comme un des thèmes structurants des sciences sociales, lequel s’est constitué en investissant de manière privilégiée et renouvelée le terrain de la philosophie politique, mais aussi en ouvrant de nouvelles perspectives sociologiques et critiques. L’ambition des questionnements que le thème de la participation suscite, l’ampleur des cadres théoriques qu’il mobilise dans le champ académique comme la diversité des domaines et acteurs qui s’en saisissent montrent la vivacité d’un débat à la fois épistémique et pratique. En témoignent en particulier deux projets éditoriaux d’envergure qui constituent des foyers de pensée incontournables sur les formes et les enjeux de la participation dans les sociétés contemporaines : la revue Participations créée en 2011 et Dicopart, un dictionnaire interdisciplinaire et critique de la participation, à l’initiative du Gis Démocratie et Participation. Ressource numérique et participative en libre accès, Dicopart propose une cartographie des théories et usages du concept, non pour en figer le sens mais, à l’inverse, pour en montrer la diversité, les régularités comme les ambiguïtés et les tensions »

Anne Piponnier et Céline Ségur. « Un «moment critique» pour la participation ? », Questions de communication, vol. 41, no. 1, octobre 2022, pp. 65-72.

Faire surgir les termes du débat

Le projet éditorial d’un Dictionnaire sur la Participation est né au sein du Gis-D&P pour recenser les mots à travers lesquels on définit, on pratique et l’on théorise la participation. Dès son origine, il ne s’agit pas de mettre à plat les termes d’un débat, ou de faire surgir un langage commun, mais plutôt de proposer une analyse de la participation par une entrée inédite : celle des mots qui définissent ce champ. Ce dictionnaire en ligne est un outil de partage, d’analyse et de réflexion, qui restitue des résultats de recherche, explore des usages, ouvre des pistes et propose des mises en perspective critiques. Plusieurs courants de recherche se sont développés (participation et action publique, participation et mouvements sociaux ; participation et aménagement urbain, etc.). Cette situation contribue à conférer une certaine nuance aux catégories et aux mots mobilisés dans le débat. D’où la nécessité de faire surgir clairement les termes, d’une part pour les rendre plus accessibles et, d’autre part, parce qu’ils sont souvent utilisés par des disciplines et des approches différentes, voire opposées. Le dictionnaire permet donc une certaine harmonisation thématique, mais qui reste respectueuse des ancrages disciplinaires. Il vise aussi à permettre une mise sur le même des acteurs et des actrices du champ de la participation, par exemple entre les chercheur·es et les praticien·nes de la participation ou entre les expert·es et les citoyen·nes engagé·es dans ce type de démarche. En 2022, le projet a été étendu en insistant sur une idée qui s’est largement diffusée dans les sciences humaines et sociales : rendre visible et faire vivre les controverses. C’est avec cet état d’esprit que le comité éditorial a sélectionné les nouvelles entrées rédigées par de nouveaux et nouvelles auteur·rices.

Intercepter une tendance et répondre à une nécessité

Tout dictionnaire peut induire une forme de stabilisation du lexique. Il existe ponctuellement des lexiques ou glossaire dans le domaine professionnel de la participation. Ils ont une visée normative et opérationnelle que le DicoPart souhaite contribuer à dépasser. Mais ils illustrent aussi une tendance et une nécessité. Une tendance à considérer les processus de participation comme des pratiques consolidées auxquelles faire appel, une sorte de réification et de standardisation de ces processus ; et une nécessité de stabiliser ces pratiques par le biais d’une reconnaissance publique, commune et partagée du langage dont elles se nourrissent. Le but de ce dictionnaire est donc également celui de saisir cette tendance et de répondre à cette nécessité latente, tout en proposant quelque chose de singulier dans le paysage éditorial. Pour autant, comme déjà rappelé, le but d’un outil comme le Dictionnaire de la participation n’est pas de créer un langage partagé et accepté par tous. Le langage est situé dans le temps et dans l’espace et dépend des contextes du locuteur. Il s’agit plutôt de contribuer à améliorer l’accessibilité du débat, afin de stimuler une égalité de parole et la qualité de la discussion publique. Pour ce faire, il faut d’abord s’arrêter sur les mots les plus récurrents de la participation, ceux utilisés dans le cadre de la recherche ou de la mise en œuvre. Également, le dictionnaire aborde les termes les plus difficiles ou techniques sur lesquels les ambiguïtés sont potentiellement nombreuses. Enfin, un enjeu est d’éclaircir des termes qui se présentent, parfois abusivement, comme passe-partout pour en comprendre la fabrique du sens.

Aperçu bibliométrique

En matière de tendances auxquelles le DicoPart répondrait, un premier bilan bibliométrique, réalisé au début de l’année 2022, sur la première période d’existence du DicoPart permet de refléter des préoccupations récurrentes au sein du domaine, mais aussi les usages situés (spécialistes ou généralistes ; approfondis ou introductifs) du dictionnaire. Pour la première édition, voici les 12 notices les plus consultées, en pourcentage de l’ensemble des vues de page uniques : Démocratie directe 6% // Bien commun 4% // Démocratie participative 3% // Conflit d’usage 3% // Consensus/Dissensus 2% // Légitimité 2% // Démocratie sociale 2% // Démocratie délibérative 2% // Urbanisme participatif 2% // Capital d’autochtonie 2% // Espace public 2% // Co-construction 2%

Dans la littérature scientifique, voici les notices les plus fréquemment citées (entre 6 et 50 occurrences, d’après google scholar), en novembre 2022 : Co-Construction // Urbanisme participatif // Intérêt général // Démocratie participative // Capital d’autochtonie // Espace public // Pragmatisme et participation // Recherche participative // Recherche-action // Conflit d’usage // Sans part // Critique de la participation // Commons (communs) // Consensus/Dissensus // Management participatif

Le choix d’un dictionnaire en ligne

Le Dictionnaire de la Participation est entièrement en ligne et librement accessible à tout le monde. Le choix d’un dictionnaire en ligne permet une évolution continue, avec une ouverture constante à de nouvelles propositions. Le DicoPart se veut un débouché de publication et une plateforme pour alimenter les réflexions menées au sein du champ d’étude. Autrement dit, DicoPart est ouvert à la critique, à l’interdisciplinarité et à la controverse : tout apport pertinent complémentaire est bienvenu. C’est un outil par et pour la communauté des scientifiques et des praticien·nes. Le projet est bien celui d’un dictionnaire scientifique (plutôt qu’un wiki) : les notices sont donc signées par leurs auteurs ou autrices.