Post-démocratie
Les théories post-démocratiques affirment que les sociétés occidentales suivent un arc parabolique : après un âge d’or démocratique dans les premières décennies de l’après-Seconde guerre mondiale, leurs régimes représentatifs se transforment en coquilles vides depuis les crises des années 1970 suite aux effets croisés du verrouillage de la gouvernance économique par un cartel partisan et de l’apathie politique qui gagne les citoyen·nes.
Fontan, C. (2022). Post-démocratie. In G. Petit, L. Blondiaux, I. Casillo, J.-M. Fourniau, G. Gourgues, S. Hayat, R. Lefebvre, S. Rui, S. Wojcik, & J. Zetlaoui-Léger (Éds.), Dictionnaire critique et interdisciplinaire de la Participation, DicoPart (2ème édition). GIS Démocratie et Participation.
https://www.dicopart.fr/post-democratie-2022
Nos démocraties sont-elles devenues des coquilles vides où la participation des citoyen·nes décline car les alternances gouvernementales n’ont plus d’effet sur la gouvernance économique et la répartition des richesses ?
Dès le milieu des années 1990, cette interrogation anime les travaux critiques sur les démocraties libérales. Ainsi, selon le philosophe Jacques Rancière (1995 : 137), si les institutions (ou « formes ») démocratiques ne sont plus contestées frontalement, elles font l’objet d’une « désaffection », illustrée notamment par « la dégradation continue de la représentation parlementaire et l’extension des pouvoirs politiques d’instances non représentatives ». Ainsi, alors que la démocratie devrait être fondamentalement animée par les oppositions politiques entre parties constituées de la population, la post-démocratie efface l’agir démocratique.
Le concept de post-démocratie a principalement été popularisé à la suite des travaux de Colin Crouch (2004 ; 2011), sociologue des relations industrielles européennes, qui ont connu un fort regain d’intérêt suite au Brexit et à l’élection de Donald Trump. Ici, c’est à partir de la thèse de C. Crouch et des débats qu’elle a suscité que se fera la discussion des liens entre post-démocratie et participation.
La parabole post-démocratique
Une société devient post-démocratique quand les institutions formelles de la démocratie (élections, cours de justice…) subsistent, mais tendent à devenir des coquilles vides (Crouch, 2004). Plus précisément, les démocraties occidentales évoluent depuis deux siècles selon un arc de forme parabolique. La courbe montante de la parabole est symbolisée par les premières victoires démocratiques liées aux mouvements citoyens et ouvriers de la fin du XIXème siècle (en particulier l’élargissement du suffrage), puis par la victoire des « démocraties » contre le fascisme en 1945. Les sociétés occidentales auraient ensuite atteint leur âge d’or démocratique après la Seconde guerre mondiale, avec la diffusion des méthodes fordistes de production de masse, des politiques macroéconomiques keynésiennes, et l’établissement d’un État-Providence interventionniste fortement redistributif. Dans ces sociétés industrielles, un compromis fragile aurait été trouvé entre la classe ouvrière et les forces capitalistes, qui débouche sur une réduction des inégalités économiques, une forte capacité de mobilisation citoyenne et une augmentation de la satisfaction envers le fonctionnement de la démocratie.
Cependant, deux phénomènes ont érodé ce moment démocratique : la globalisation financière qui s’accroît à la fin des années 1970 et le délitement des identités sociales issues des clivages de la fin du XIXème siècle (classe et religion). Ces tendances ont alors mené les élites politiques à se détacher de leur électorat et à devenir plus perméables au monde de l’entreprise et aux cabinets de conseil (Crouch, 2020). Les partis gouvernementaux se mettent à fonctionner comme un « cartel », davantage à l’écoute des acteurs financiers que de leur électorat (Mair, 2013 ; Lefkofridi, 2019). Dès lors, les démocraties occidentales ont entamé la courbe décroissante de la parabole qui les rapprochent du modèle post-démocratique : plutôt que de chercher à mobiliser leur électorat sur des questions économiques, les dirigeants politiques ont alors recours à des méthodes de manipulation de l’opinion publique, destinées à cacher l’érosion de leur capacité à influencer la distribution des richesses (McIntyre, 2018). Cette manipulation politique, combiné au renforcement des inégalités économiques et à une convergence programmatique sur le plan économique des partis de centre gauche et de centre droit, mènerait à une désaffection citoyenne envers le politique, notamment caractérisée par une hausse continue de l’abstention électorale et de l’insatisfaction envers les systèmes démocratiques (Hay, 2007 ; Le Gall et Devine, 2022).
L’évolution de la situation politique du Royaume-Uni depuis 1945 est souvent mobilisée par C. Crouch pour illustrer cette parabole post-démocratique. La crise économique et sociale des années 1970 s’achève par l’arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher, qui affaiblit durablement les mouvements syndicaux. Par la suite, les réformes économiques mises en œuvre après la victoire électorale de Tony Blair à la fin des années 1990 (indépendance de la banque centrale, flexibilisation du marché du travail, privatisations) symbolisent la conversion des partis sociaux-démocrates aux politiques néolibérales (Waele et al., 2013 ; Bremer et McDaniel, 2020). Enfin, la mise en œuvre des politiques d’austérité par les partis travaillistes et conservateurs à la suite de la crise financière de 2007-2009 expose la convergence programmatique du cartel partisan au profit de la protection des intérêts financiers (Crouch, 2011 ; Streeck et Schaeffer, 2013).
Dans la suite de cette notice, l’économie politique de la post-démocratie est décortiquée en revenant sur trois mécanismes clés du concept : l’existence d’un âge d’or démocratique pendant les Trente glorieuses, la nature des mutations économiques des systèmes capitalistes et l’impact de celles-ci sur la participation.
Remettre en question l’âge d’or démocratique
À l’instar d’autres auteurs (Piketty, 2014 ; Streeck, 2014), C. Crouch identifie un « moment » démocratique et participatif dont les bornes de début et de fin varient en fonction des pays, mais se situent généralement dans la période d’après-guerre. Cet âge d’or est objectivé en mobilisant des indicateurs comme l’accélération de la croissance économique, la réduction des niveaux d’inégalités économiques qui en a découlé, les taux de participation électorale élevés, l’intensité des grèves et des mesures quantitatives sur la satisfaction envers la démocratie.
Cependant, même en admettant que la participation puisse être réduite à une forte mobilisation électorale et à l’engagement au sein des syndicats et des partis politiques comme le font les théories post-démocratiques, ces indicateurs comportent de nombreux angles-morts qui, une fois considérés, fragilisent le postulat d’un âge d’or. Tout d’abord, la construction des agrégats macroéconomiques dans la période de l’après-guerre (comme le PIB ou le taux de chômage) visait principalement à mesurer l’activité définie sur le modèle du « travailleur blanc en usine » (Mügge, 2020). Plus l’activité économique s’éloigne de ce modèle (travail domestique féminin, travail informel non industriel), plus elle a tendance à ne pas être incluse (Gadrey et Jany-Catrice, 2016). Les biais de cette construction statistique mènent ainsi à l’invisibilisation des acteurs situés à la marge du modèle de production fordiste.
Cette critique s’applique aussi aux droits économiques, civiques et politiques des citoyen·nes. Peut-on vraiment parler d’un âge d’or démocratique et participatif quand les françaises ne pouvaient pas ouvrir un compte en banque sans l’accord de leur mari (Schweitzer, 2002), quand l’homosexualité était criminalisée (Gauthier et Schlagdenhauffen, 2019), quand les populations des colonies impériales ne bénéficiaient que d’une citoyenneté au rabais (Blevis, 2001) et voyaient leurs manifestations se faire réprimer dans le sang (House et MacMaster, 2006) ? Ce constat n’implique pas l’absence d’un militantisme anti-colonial et féministe pendant la période d’après-guerre ; au contraire, un grand nombre de droits civiques et politiques sont sécurisés au début des années 1980, à la suite des luttes s’étant déroulées pendant « l’âge d’or » participatif. Cependant, ces luttes sont restées à la marge du modèle de croissance économique et du système de Bretton-Woods définissant les règles d’échanges et de coopération économique internationale (Helleiner, 2022).
La valorisation du modèle de croissance d’après-guerre fait aussi l’impasse sur ses coûts écologiques et sur sa dépendance aux énergies fossiles, qui ont pourtant joué un rôle dans sa mise en crise dans les années 1970 (Pessis et al., 2013 ; Thompson, 2017). Ainsi, le pacte social d’après-guerre est fondé sur une logique foncièrement productiviste où les conflits sociaux potentiels sont pacifiés par une augmentation de la production de biens de consommation privés (Galbraith, 1958). Cependant, la profitabilité de ce modèle de croissance est mise à mal par la crise énergétique des années 1970 (Mitchell, 2011). Les autorités politiques occidentales vont alors mettre en œuvre des mesures incitant à la sobriété et une réduction de l’intensité énergétique de la production industrielle, sans que ceci ne mette fin à la crise durable de profitabilité. Or, ces mesures vont à la fois participer à la désindustrialisation des pays occidentaux (les industries les plus polluantes se délocalisent dans des espaces moins régulés) mais aussi à une transformation profonde du rapport des citoyens à l’État, ceux-ci devenant plus sceptiques et averses envers la capacité du gouvernement à répondre à leurs problèmes (Jacobs, 2016).
La démocratie est-elle victime de la finance ?
Pour les théories post-démocratiques, le tournant néolibéral se caractérise par une victoire des logiques financières sur les logiques démocratiques (Crouch, 2011 ; Streeck, 2014). Cette approche a été prolongée par un courant académique récent (critical macro-finance) qui propose une histoire plus complexe de la financiarisation des économies où les balances comptables des États et des acteurs financiers finissent par être profondément enchevêtrées (Braun et al., 2018 ; Gabor, 2020).
Plus précisément, la crise du modèle de croissance des années 1970 a eu un impact durable sur les recettes fiscales de l’État et, par-là, sur ses capacités à assumer ses fonctions redistributives et assurantielles. Cette configuration a mené les partis gouvernementaux à aligner leur offre politique visant à promouvoir les systèmes de crédit, d’investissement et de cotisation privés comme solution à cette crise fiscale, procédant ainsi à la financiarisation des économies et à la marginalisation de l’État providence (Krippner, 2011). Par exemple, le système de retraites états-unien, qui est caractérisé par une multiplicité de fonds de pension privés gouvernés sous forme de trust, est issu d’une re-régulation fédérale visant à la fois à mieux contrôler les potentiels abus des employeurs sans procéder pour autant à la mise en œuvre d’un système de pensions public (Montagne, 2006). De même, la titrisation des crédits immobiliers subprime a été encouragée aussi bien aux États-Unis qu’en Europe dans le but de pouvoir garantir l’accès à la propriété à une portion significative de la population dans un contexte d’inégalités économiques croissantes (Rajan, 2010 ; Quinn 2017). En d’autres mots, la financiarisation des économies a été promue comme un moyen de poursuivre les promesses d’après-guerre mais en pervertissant ses logiques fondamentales : l’épargne des citoyen·nes étant dorénavant branchée aux systèmes d’accumulation du capital privé plutôt que public (Pistor, 2018).
Par ailleurs, au-delà du maintien du pacte social, la financiarisation des économies résulte aussi souvent d’une stratégie des Etats visant à défendre et promouvoir leur souveraineté, ou à régler les problèmes politiques découlant de leur association (Helleiner, 1996). Ainsi, en France, les banques ont été autorisées à fusionner leurs activités de marché et de soutien à l’économie réelle dès les années 1960, afin de créer de grands groupes pouvant être compétitifs au niveau global et assurer la souveraineté économique et monétaire de la nation (Quennouëlle-Corre, 2010). En Europe, la Commission Européenne et la Banque Centrale Européenne ont encouragé les banques à acheter des titres de dette des pays périphériques en utilisant des canaux de financement non régulés afin de compenser la faiblesse de l’intégration budgétaire, qui nuit à la stabilité de la zone euro (Dietsch et al., 2020).
Enfin, cette co-construction des circuits financiers entre acteurs publics et privés a des effets auto-renforçants. Ainsi, l’utilisation de la dette souveraine en tant qu’actif sûr (safe asset) pour aider au développement des marchés financiers a enchevêtré les balances comptables des États et des acteurs financiers et, par-là, leurs intérêts respectifs (Lemoine, 2016 ; Braun, 2018). Dès lors, le sauvetage des banques par les États lors des crises cycliques de la finance opère selon deux modes : une logique de classe visant à sauvegarder le capital des ménages les plus favorisés, mais aussi une logique souveraine visant à protéger les Etats des cycles financiers auxquels ils sont dorénavant étroitement liés (Gabor, 2016 ; Tooze, 2018).
L’effritement du cartel partisan depuis la crise financière de 2007
Depuis le début des années 2010, le succès durable des partis « anti-système » de gauche et de droite face au « cartel » des partis pro-marché dans les pays occidentaux et la hausse de la participation électorale qui en résulte interrogent fortement les thèses post-démocratiques (Hopkin, 2018 ; Leininger et Meijers, 2020). Comme celles-ci accordent un rôle central à la stabilité du système partisan d’après-guerre pour expliquer les effets anesthésiants sur la participation politique, comment l’irruption des forces radicales de gauche et de droite peut-elle être articulée avec l’ensemble théorique de la post-démocratie ?
Premièrement, les thèses post-démocratiques reconnaissent une certaine dynamique des mobilisations de la gauche radicale, mais souligne leur incapacité à infléchir durablement les politiques économiques. Dans son essai déjà, C. Crouch (2004 : 61) a précisé que l’émergence des mouvements féministes et écologiques dans les années 1970 représentait des exceptions importantes à sa thèse de l’apathie politique. Cependant, pour lui, ces nouvelles formes de mobilisations ne parviennent pas à changer durablement la structure du système partisan, et donc de la répartition des richesses, car elles ne se superposent pas à des identités politiques structurantes, comme pouvaient l’être les classes sociales ou la religion (Crouch 2020 : 123).
Quelques années plus tard, la déstabilisation politique et sociale provoquée par la crise financière de 2007-2009 a mené à une forte mobilisation des forces sociales sectorielles traditionnelles, surtout dans les pays les plus affectés par les politiques d’austérité (Della Porta et Parks, 2017). Cependant, C. Crouch (2016) mobilise l’exemple de Syriza, parti de gauche radical grec arrivé au pouvoir sur une plateforme de contestation de l’austérité, pour démontrer la validité de thèses post-démocratiques. Ainsi, l’incapacité de Syriza à infléchir les politiques économiques une fois les élections gagnées expose la résistance du verrou imposé sur la gouvernance économique. La baisse de la mobilisation citoyenne et la montée de l’abstention électorale entre les élections de 2014 et de 2019 en Grèce renforcent aussi la thèse de l’apathie politique engendrée par l’absence de transmission des résultats électoraux à la gouvernance de l’économie.
Deuxièmement, les théories post-démocratiques tentent d’expliquer les succès politiques de la droite radicale en les liant à la crise du modèle de l‘après-guerre. Ainsi, le déclin des conditions de vie des ménages les plus modestes depuis la crise des années 1970 et la cartélisation partisane auraient mené à un rejet des élites politiques et permis le succès des discours instrumentalisant des formes de « nostalgie pessimiste » au sein de l’électorat (Streeck, 2017 ; Crouch, 2020). Les victoires des mouvements de droite radicale en Europe et aux États-Unis, perçus comme les « ennemis traditionnels de la démocratie libérale » (Crouch 2020 : 93), s’expliqueraient principalement par cette matrice. Cependant, ces explications sur l’effondrement du cartel partisan comportent trois angles morts importants qui, une fois considérés, poussent à la recherche de grilles analytiques alternatives.
D’abord, la thèse du « désespoir économique » n’est pas en ligne avec les données de sociologie électorale : les ménages qui soutiennent les forces de droite radicale ne se caractérisent pas par un positionnement en bas de l’échelle des richesses mais plutôt par un niveau d’éducation plus faible et une appartenance à l’ethnie nationale dominante (Bhambra, 2017). Plutôt que de trouver son homogénéité dans leur positionnement social, cet électorat se singularise par la priorité donnée aux enjeux reliés à une angoisse culturelle plutôt qu’économique (Mudde, 2019 : 101).
Ensuite, les succès de la droite radicale ne s’expliquent pas seulement par un rejet des partis gouvernementaux de la part de la population, mais aussi par une stratégie défaillante de leur part. Ainsi, les partis conservateurs ont cherché à souder leur bloc électoral en mettant à l’agenda les thèmes nativistes et autoritaires, ce qui a aussi mené à une plus grande légitimité de ceux-ci au sein de l’espace public (Mondon et Winter, 2020 ; Abou-Chadi et al., 2021). Cette stratégie a alors mené à la normalisation des partis de droite radicale, aussi bien dans les alliances gouvernementales que dans les arènes médiatiques, et, par-là, à une série de succès électoraux, principalement obtenus en captant l’électorat des partis conservateurs.
Enfin, l’échec de la gauche radicale à transformer radicalement la gouvernance économique n’est pas forcément lié à une absence d’identité politique structurante permettant de lier les nouveaux enjeux (féminisme, écologie, anti-racisme) à une base électorale solide (Gomez et Ramiro, 2022). L’électorat de gauche montre plutôt une forte cohésion autour de ces thèmes, qui, au fil du renouvellement générationnel, deviennent de plus en plus partagés au sein de cet électorat mais polarisants dans l’ensemble de la société (Gougou, 2015 ; Tiberj, 2017 ; collectif Focale, 2022).
Les travaux récents de sociologie électorale offrent une alternative stimulante aux angles morts des théories post-démocratiques en montrant comment l’axe gauche/droite est retravaillé par des nouveaux clivages (Michelat et Tiberj, 2017). Ainsi, la crise des modèles de croissance d’après-guerre a donné naissance à deux nouveaux clivages qui ont vu leur importance augmenter au point de structurer de manière centrale la compétition électorale depuis la crise financière de 2007-2009 : un clivage entre identité et cosmopolitisme et un autre entre altermondialistes et néolibéraux (Martin, 2018). Ces clivages fracturent et recomposent les blocs sociaux qui servaient auparavant de soutien aux partis de gauche et de droite et donnent naissance à une nouvelle configuration en trois blocs (gauche éco-socialiste, droite conservatrice-identitaire, bloc bourgeois soutenant les dynamiques de la mondialisation (Amable et Palombarini, 2017). Par la suite, contrairement à la thèse post-démocratique d’une monopolisation du pouvoir des partis gouvernementaux permise par l’apathie politique, les partis rentrent en compétition pour capter ces blocs ; leurs victoires et leurs défaites étant contingentes au succès (ou non) de leurs stratégies d’alliances et de mise à l’agenda des enjeux électoraux.
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En conclusion, la thèse de la parabole post-démocratique développée par Colin Crouch au début des années 2000 a fait date dans l’histoire des sciences sociales de deux manières. D’abord, suite à la crise financière de 2007, les thèses de la transformation des institutions démocratiques en coquilles vides et celle de l’apathie politique ont gagné en popularité et ont influencé une nouvelle génération de chercheur·ses en sciences politiques et en économie politique. Cependant, la post-démocratie est maintenant une approche « datée » dans la mesure où plusieurs de ses postulats et de ses approches (l’âge d’or de l’après-guerre, les causes de la financiarisation et des comportements politiques protestataires) ont été infirmés ou fortement renouvelés par cette nouvelle génération de chercheurs et chercheuses.
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