Définition de l'entrée

Sens 1 : Personne en colère, en particulier face à l’injustice

Sens 2 : Le terme indique un sentiment d’indignation en lien avec les conséquences de la crise économique, qui se traduit sous la forme d’une mobilisation politique

Pour citer cet article :

Della Porta, D, Mosca, L. (2013). Indignés. In I. Casillo, R. Barbier, L. Blondiaux, F. Chateauraynaud, J.-M. Fourniau, R. Lefebvre, C. Neveu, & D. Salles (Éds.), Dictionnaire critique et interdisciplinaire de la Participation, DicoPart (1ère édition). GIS Démocratie et Participation.
https://www.dicopart.fr/indignes-2013

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Une mobilisation mondiale

Les Indignés manifestant à la Puerta del Sol, ou celles et ceux occupant le Zuccotti Park à New York réveillèrent des idéaux de participation par le bas. À cela fut cependant associée une attention particulière attachée à la création d’espaces publics égalitaires et inclusifs. À cet égard, leurs actions font écho à des conceptions et pratiques de démocratie délibérative. L’attention portée à la délibération devint en réalité d’autant plus centrale dans les récents mouvements contre l’austérité.

Les Printemps arabes pourraient être interprétés comme de nouveaux témoignages prouvant que la démocratie est en train de devenir la seule option possible. Les effets des vagues de protestations qui provoquèrent les processus de démocratisation dans une partie du monde traditionnellement définie comme dominée par des régimes autoritaires indétrônables, contribuèrent à remettre en question la théorie du choc des civilisations, fondée sur l’idée d’une incompatibilité entre islam et démocratie. En outre, ces manifestations ont montré que, y compris dans des dictatures brutales, les citoyen·nes se mobilisent réellement, et pas seulement pour des questions matérielles. Interpréter les Printemps arabes comme ne revendiquant que des institutions représentatives serait cependant erroné. Les manifestant·es de la place Tahir revendiquaient la liberté, tout en mettant aussi en pratique d’autres conceptions de la démocratie qui, sans être nécessairement opposées, sont assurément différentes de celles de la démocratie représentative libérale, et s’accordent plutôt avec celles des démocraties participatives et délibératives (della Porta, 2013). Ce ne fut pas un hasard si, lorsque les idées des Printemps arabes se diffusèrent depuis la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) jusqu’en Europe, elles furent adoptées et adaptées par les mouvements sociaux qui remettaient en cause la démocratie (néo)libérale. Les mesures d’austérité en Islande, en Irlande, en Grèce, au Portugal et en Espagne provoquèrent des manifestations massives et de longue durée qui étaient directement inspirées par les Printemps arabes. Les Indignés espagnol·es et grec·ques occupèrent des centaines de places, non seulement pour protester contre les coupes budgétaires infligées à l’État-providence dans leurs pays respectifs, mais également pour réclamer une démocratie d’un ordre différent et supérieur. « Democracia real ya » (« Démocratie réelle maintenant ! ») était le principal slogan des manifestant·es Indignés espagnol·es qui occupèrent la Puerta del Sol à Madrid, la Plaça de Catalunya à Barcelone et des centaines de places dans le reste du pays à partir du 15 mai 2011, pour demander d’autres politiques sociales et économiques et une plus grande participation des citoyen·nes à leur élaboration et à leur mise en place. Les Indignés défiaient explicitement la démocratie représentative, ses méthodes et protagonistes principaux avec les slogans suivants « Lo llaman democracia y no lo es » (« Ils/elles appellent cela démocratie, mais ça n’en est pas »), « No les votes » (« Ne vote pas pour eux/elles »).

Avant cet exemple en Espagne, entre fin 2008 et le début de l’année suivante, un mouvement citoyen autonome en Islande avait exigé la démission du gouvernement et de ses délégué·es au sein de la Banque Centrale et du pouvoir financier, les accusant de collusion avec les grandes entreprises. Au Portugal, une manifestation organisée via Facebook en mars 2011 rassembla plus de 200 000 jeunes portugais·es de la « Geracao A Rasca » — « la génération désespérée » — (Wise, 2011) dans les rues contre l’élite politique. Les manifestations des Indignés inspirèrent à leur tour des mobilisations semblables en Grèce, où l’opposition aux mesures d’austérité s’était déjà exprimée sous des formes parfois violentes. Dans les deux pays, la corruption du gouvernement était un élément central de la contestation, et cela le demeura quand la contestation gagna les États-Unis et d’autres pays.

Le sens même de la démocratie était mis en question dans toutes ces manifestations. Il ne fait aucun doute que la crise actuelle est autant — voire plus encore — une crise démocratique qu’une crise financière. Comme indiqué précédemment, le néolibéralisme était, et de fait, est, une doctrine politique allant de pair avec une vision minimaliste de la chose publique et de la démocratie. Il prévoit non seulement la réduction des interventions politiques visant à faire contrepoids au marché (et à la libéralisation, la privatisation et la déréglementation qui en résultent), mais également une conception élitiste de la participation citoyenne (seulement électorale, et par conséquent occasionnelle et potentiellement dévoyée) et un plus grand pouvoir d’influence accordé aux lobbies et aux intérêts des puissants. Les formes directes de contestation des conception et pratique libérales de la démocratie ont été, là aussi, accompagnées par la (ré)émergence de formes différentes de remises en cause, élaborées et mises en pratiques par — entre autres — des mouvements qui s’opposent actuellement en Europe aux solutions néolibérales à la crise financière, accusées de réduire encore davantage la consommation et donc de compromettre toute perspective de développement (qu’il soit durable ou non). Taxés de populistes et d’apolitiques (mais aussi d’être dépourvus de vraies idées) par les partis de centre gauche, et d’extrême gauche par la droite, ces mouvements ont en réalité placé au centre de leur action ce que Claus Offe (1985) avait autrefois défini comme la « méta-question » de la démocratie. Le discours des activistes sur la démocratie est clair, précis et complexe, reprenant certaines des principales critiques formulées contre la dégradation constante de l’essence des démocraties libérales, mais également des propositions inspirées par d’autres modalités démocratiques que la représentation. Ces propositions font écho à des visions participatives (plus traditionnelles), mais aussi à de nouvelles conceptions délibératives qui soulignent l’importance de créer des espaces publics multiples, égalitaires, mais pluriels. Par-dessus tout, les manifestant·es critiquent les carences de plus en plus manifestes des démocraties représentatives, reflétant la défiance croissante envers la capacité des partis à se faire le relais des demandes émergentes au sein du système politique. Que ce soit au départ en Islande, ou de manière plus énergique en Espagne et au Portugal, l’indignation est dirigée contre la corruption de la classe politique, constatée tant sous forme de pots-de-vin (l’une de leurs exigences est le limogeage des personnes corrompues au sein des institutions publiques) qu’à travers les privilèges accordés aux lobbies et intérêts communs que partagent les institutions publiques et les pouvoirs économiques (souvent financiers). C’est à cette corruption — c’est-à-dire, à la corruption de la démocratie — qu’est imputée une grande part de la responsabilité de la crise économique, et l’incapacité à la gérer.

Au-delà de la condamnation de la corruption, le slogan « they don’t represent us » (« ils ne nous représentent pas ») exprime également une critique plus profonde de la dégénérescence de la démocratie libérale, liée à son tour à l’échec des responsables politiques élu·es à « faire de la politique ». Dans les faits, ces derniers et dernières participent à la propagation d’un même discours suggérant qu’il n’existe aucune alternative à la réduction des budgets et à la déréglementation — discours que les manifestant·es n’acceptent pas. En Espagne en particulier, le mouvement demandait une réforme de la législation électorale, dénonçant le poids réduit donné à la participation des citoyen·nes dans le système électoral actuel, dans lequel les partis politiques principaux ont tendance à former des cartels et où l’électorat voit ses choix limités (pour cette raison, il a été réclamé qu’un poids égal soit donné à chaque vote). Dans d’autres pays également, on retrouve parmi d’autres propositions visant à redonner de l’importance aux citoyen·nes, des demandes de démocratie directe, où serait donnée à l’électorat la possibilité d’exprimer son opinion au sujet des plus grandes décisions économiques et sociales. C’est dans cette optique que s’inscrivent les demandes d’élargir les recours possibles aux référendums, avec une réduction des quorums (en ce qui concerne les signatures et les électeurs) et un plus large éventail de thèmes soumis aux décisions par référendum. Les démocraties réellement existantes sont aussi critiquées pour avoir permis la confiscation de la démocratie, non seulement par les pouvoirs financiers, mais aussi par des organisations internationales, comme le Fonds Monétaire International et l’Union européenne en particulier.

Une autre vision de la démocratie

Dans les mobilisations récentes se retrouve également une autre vision de la démocratie, que la théorie normative a récemment qualifiée de « démocratie délibérative », et que le mouvement pour une justice globale (NDT, souvent traduit par « mouvement altermondialiste » en français) a développée et diffusée dans les forums sociaux sous le nom de démocratie consensuelle à partir du début du nouveau millénaire (della Porta, 2009). Cette conception de la démocratie est préfigurée par ces mêmes Indignés qui occupent les places, les transformant en espaces publics constitués de « citoyen·nes normaux et normales ». Cela constitue une tentative de donner lieu à une démocratie discursive d’un niveau qualitatif élevé, reconnaissant à toutes et tous (pas seulement aux délégué·es et expert·es) un droit égal à la parole (et au respect) dans un espace public et pluriel, ouvert à la discussion et à la délibération sur des thèmes allant des situations subies aux solutions concrètes à des problèmes spécifiques, de l’élaboration de propositions sur des biens communs à la formation d’une solidarité collective et d’identités émergentes. Quand Occupy Wall Street commençait aux États-Unis, s’étendant rapidement à des milliers de villes américaines, les préoccupations exprimées par les manifestant·es portaient sur la crise financière, mais davantage encore sur l’échec des gouvernements démocratiques à se montrer à la hauteur des attentes de leurs citoyen·nes. Dans la lignée du mouvement altermondialiste qui scandait le slogan « You G8, we 6 billions » (« Vous G8, nous 6 milliards ») (della Porta et al., 2006), la mobilisation des occupant·es était résumée en termes généraux à travers le slogan « We are the 99% » (« Nous sommes les 99% »). Les occupations représentaient des occasions non seulement de manifester, mais aussi d’expérimenter des formes participatives et délibératives de démocratie.

Le modèle qui commençait à dominer le mouvement insistait notamment sur le respect et l’inclusivité. Les modérateurs et modératrices essayèrent d’assurer un équilibre racial et un processus de prise de décision consensuel et horizontal développé, poussé par les jeunes générations (dont deux tiers avaient voté pour Obama) et des activistes plus âgé·es, se basant sur la formation continue de petits groupes, qui ensuite se rejoignaient à nouveau dans l’assemblée élargie. L’occupation devint un élément solidement ancré dans l’identité même du mouvement, au lieu d’être uniquement, comme cela peut l’être dans d’autres mouvements sociaux, une forme d’action parmi d’autres. Dans les faits, les espaces occupés étaient « des chantiers vivants d’interaction humaine qui présentaient un exemple alternatif de communauté et généraient un intense sentiment de solidarité » (Juris, 2012 : 268). Les expulsions confisquèrent ces espaces essentiels, rendant visible le risque de transformer les campements en une sorte d’objet de fétichisation, difficile à conserver, mais aussi difficile à remplacer. L’évacuation par la police des espaces occupés créa en fait d’importantes fractures parmi les activistes — entre autres, entre la communauté occupant physiquement les lieux et les cercles variés formés par celles et ceux qui participaient virtuellement et/ou par intermittence.

La démocratie sur les réseaux

Facebook, Twitter et d’autres plateformes en ligne ont été adoptées par les occupant·es afin de donner de la visibilité à leurs manifestations, attirer l’attention des médias, recruter de nouveaux membres, et faire circuler les comptes-rendus, photos et vidéos de leurs assemblées (souvent diffusées en direct). Internet était crucial pour la diffusion des tactiques et actions du mouvement. Les nouvelles technologies de communication ont souvent été perçues par les activistes comme permettant de renforcer les procédures démocratiques et la participation individuelle. Cependant, malgré le rôle fondamental des nouveaux médias dans la baisse des coûts de la participation dans cette nouvelle vague de conflit, l’expertise d’activistes expérimenté·es a été reconnue comme centrale dans les processus de mobilisation. Cela vaut autant pour les Printemps arabes que pour les Indignés espagnol·es ou Occupy Wall Street. Comme l’a souligné Valeriani (2012), la présence d’une élite de spécialistes des nouvelles technologies, qui relièrent des réseaux dispersés au sein de la société, fut reconnue comme centrale dans les insurrections en Égypte et Tunisie. En Espagne, le « Free Culture and Digital Commons Movement » (FCM) joua un rôle important dans la genèse du 15M, en fournissant des ressources et une logique organisationnelle efficace encourageant la participation individuelle (Fuster Morell, 2012). Les réseaux de journalistes militant·es expérimenté·es jouèrent aussi un rôle clé dans toutes les occupations importantes aux États-Unis, le plus souvent grâce à leur participation dans les tentes et groupes de travail consacrés aux médias et nouvelles technologies (Costanza-Chock, 2012). Les équipes média comprenaient souvent des journalistes militants expérimenté·es qui évoluaient entre différents réseaux activistes et y apportaient des pratiques spécifiques (ibid.). En comparaison avec les vagues de mobilisation de l’ère du web 1.0, qui utilisaient essentiellement des listes de diffusion, les Indignés s’appuyèrent sur les plateformes du web 2.0. Tandis que les premiers favorisaient une « logique de réseau » entre les différents acteurs collectifs autonomes, les derniers encourageaient une « logique d’agrégation » des réseaux interpersonnels en mobilisant des « foules d’individus » éphémères, qu’il était difficile de garder mobilisées sur de longues périodes et « qui se désagrégeaient aussi facilement qu’elles s’étaient agrégées » (Juris, 2012 : 267). Par ailleurs, les technologies s’appuyant sur cette logique d’agrégation « sont bien moins efficaces que les listes de diffusion électroniques pour permettre des discussions complexes et interactives sur des questions politiques, d’identité, de stratégie et de tactique » (ibid.). Alors que les nouveaux médias ont rendu la communication moins coûteuse, plus rapide et à même de mobiliser plus facilement une grande quantité de participant·es inexpérimenté·es, ils ont aussi ajouté de la complexité, généré des conflits et installé un terrain propice au burn-out militant et au désengagement (Mattoni, 2012).

 

Version anglaise originale

Traduit par Sonia Baudry. 

Sens 1 : A person that is angry, especially against injustice

Sens 2 : The term indicates a sense of indignation associated to the consequences of economic crisis which translates into political mobilization

A worldwide mobilization

The indignados protesting in Puerta del Sol, or those occupying Zuccotti Park in New York, recalled ideals of participation from below. They however combined this with a special attention to the creation of egalitarian and inclusive public spheres. In this sense, their actions resonate with conceptions and practices of deliberative democracy

Attention to deliberation became in fact all the more central in the most recent movements against austerity. The Arab Spring could be read as yet another testimony that democracy is becoming « the only game in town ». The effects of the wave of protest that brought about democratization processes in an area of the world traditionally defined as dominated by resilient authoritarian regimes contributed to challenge the idea of a clash of civilization based on the incompatibility of Islam with democracy. Moreover, those protests have shown that, even in brutal dictatorship, citizens do mobilize, and not only on material issues. Interpreting the Arab Spring as merely a call for representative institutions would however be misleading. The protestors in the Tahir Square were calling for freedom, but also practicing other conceptions of democracy that, if not opposed, are certainly different from liberal representative democracy, resonating instead with ideas of participatory and deliberative democracy (della Porta, 2013).

Not by chance, when the ideas of the Arab Spring spread from the MENA (Mediterreanean and North-African) region to Europe, they were adopted and adapted by social movements that challenged (neo)liberal democracy. Austerity measures in Iceland, Ireland, Greece, Portugal and Spain were in fact met with long-lasting, mass protests directly inspired by the Arab Spring. The Spanish and then Greek indignados occupied hundreds of squares in order not only to protest cuts to the welfare state in their respective countries, but also to ask for a better and different democracy. « Democracia real ya »was the main slogan of the Spanish indignados protesters that occupied the Puerta del Sol in Madrid, the Plaça de Catalunya in Barcelona and hundreds of squares in the rest of the country from May 15th 2011, calling for different social and economic policies and greater citizen participation in their formulation and implementation. The indignados explicitly challenged representative democracy, its methods and its main actors with the following slogans «Lo llaman democracia y no lo es»(They call it democracy but it’s not), «No lesvotes »(Don’t vote for them). Before this example in Spain, between the end of 2008 and the beginning of the following year self-convened citizens in Iceland had demanded the resignation of the government and its delegates in the Central Bank and financial authority, accused of collusion with big business. In Portugal, a demonstration arranged via Facebook in March 2011 brought more than 200,000 young Portuguese people of the « Geracao A Rasca»— desperate generation — (Wise, 2011) to the streets against the political elite. The indignados protests in turn inspired similar mobilisations in Greece, where opposition to austerity measures had already been expressed in occasionally violent forms. In both countries, the corruption of the government was a central issues of protest, and it so remained when protest moved to the US, and beyond.

The very meaning of democracy was, in all these protests, contested. There is no doubt that nowadays crisis is a crisis of democracy as well as, or even more than that, a financial crisis. As mentioned, neo-liberalism was and, in fact, is, a political doctrine that brings with it a minimalist vision of the public and democracy. It foresees not only the reduction of political interventions oriented to balance the market (and consequent liberalisation, privatisation and deregulation) but also an elitist conception of citizen participation (electoral only, and therefore occasional and potentially distorted) and an increased level of influence for lobbies and strong interests. The evident challenges at liberal conception and practice of democracy have been, here as well, accompanied by the (re)emergence of different ones, elaborated and practiced by – among others – movements that in Europe today are opposing a neo-liberal solution to the financial crisis, blamed of further depressing consumption and thereby jeopardizing any prospects for development (whether sustainable or not).

Accused by the center-left parties of being apolitical and populist (not to mention without ideas) and by the right of being extreme-leftists, these movements have in reality placed what Claus Offe (1985) long ago defined as the « meta-question »of democracy at the center of their action. The activists’ discourse on democracy is articulate and complex, taking up some of the principal criticisms of the ever-decreasing quality of liberal democracies, but also some proposals inspired by other democratic qualities than representation. These proposals resonate with (more traditional) participatory visions, but also with new deliberative conceptions that underline the importance of creating multiple public spaces, egalitarian but plural.

Above all, protestors criticize the ever more evident shortcomings of representative democracies, mirroring a declining trust in the ability of parties to channel emerging demands in the political system. Beginning from Iceland, and forcefully in Spain and Portugal, indignation is addressed towards the corruption of the political class, seen in both bribes (the dismissal of corrupt people from public institution is called for) in a concrete sense, and in the privileges granted to lobbies and common interests shared by public institutions and economic (often financial) powers. It is to this corruption – that is, the corruption of democracy – that much of the responsibility for the economic crisis, and the inability to manage it, is attributed.

Beyond the condemnation of corruption, the slogan «they don’t represent us »also expresses a deeper criticism of the degeneration of liberal democracy, linked in turn to elected politicians’ failure to «do politics ». The latter are in fact often united in spreading a narrative suggesting that no alternatives are available to cuts in budget and deregulation—a narrative that protesters do not accept. In Spain in particular, the movement asked for reforms to the electoral law, denouncing the reduced weight given to citizen participation by the current electoral system, where the main political parties tend to form cartels and electors see their choices limited (for this reason equal weight for each vote was called for). Also in other countries, among other proposals for restoring the importance of citizens are those that call for direct democracy, and which give electors the possibility to express their opinions on the biggest economic and social choices. In this vein, greater possibilities for referenda are called for, with reduced quorums (for signatures and electors) and increased thematic areas subject to decisions through referenda.

Really existing democracies are also criticised for having allowed the abduction of democracy, not only by financial powers, but also by international organisations, above all the International Monetary Fund and the European Union.

Another vision of democracy

In recent mobilization there is also another vision of democracy, which normative theory has recently defined « deliberative democracy», and which the global justice movement has elaborated and diffused through the social forums as consensus democracy since the beginning of the new millennium (della Porta 2009). This conception of democracy is prefigured by the very same indignados that occupy squares, transforming them into public spheres made up of « normal citizens ». It is an attempt to create high quality discursive democracy, recognising the equal rights of all (not only delegates and experts) to speak (and to respect) in a public and plural space, open to discussion and deliberation on themes that range from situations suffered to concrete solutions to specific problems, from the elaboration of proposals on common goods to the formation of collective solidarity and emerging identities.

When Occupy Wall Street started in the United States, quickly spreading in thousands of American cities, the concern voiced by the protestors addressed the financial crisis, but even more the failure of democratic governments to live up to the expectation of their citizens. Like for the global justice movementthat used the slogan « You G8, we 6 billions”(della Porta et al., 2006), the mobilisation of occupiers was framed in general terms under the slogan « We are the 99%».

The occupations represented not only occasions to protest but also experimentations with participatory and deliberative forms of democracy. The style that started to dominate the movement included an emphasis on respect and inclusivity. Moderators tried to assure a racial balance. A consensual, horizontal decision making process developed —sponsored by the young generations (that had by 2/3 voted for Obama)— and older activists based on the continuous formation of small groups, that then reconvened in the larger assembly.

The occupation became much entrenched with the very identity of the movement, not just, as for other social movements, an action forms among others. Occupied spaces were in fact « vibrant sites of human interaction that modeled alternative communities and generated intense feeling of solidarity »(Juris, 2012, 268). Evictions took away these vital spaces, exposing the risk of transforming the camps into a sort of fetish, difficult to keep, but also difficult to substitute for. The clearing of the occupied places by the police created in fact important fractures among activists—among others, between the community of those who are physically occupying and the various circles of those participating, virtually and/or intermittedly.

Democracy in networks

Facebook, Twitter and other online platforms have been adopted by occupiers to provide visibility to their protests, gain media attention, recruit new members, circulate minutes, photos and videos of their assemblies (often livestreamed). The internet was crucial to the diffusion of the movement tactics and practices. New technologies of communication have often been perceived by activists as enhancing democratic procedures and individual participation. However, despite the fundamental role of new media in lowering costs of participation in the new wave of contention, the expertise of experienced activists was recognized as central in mobilization processes. This holds true for the Arab Spring as well as the Spanish indignados and Occupy Wall Street.

As Valeriani (2012) noted, central to the uprising in Egypt and Tunisia has been the presence of an élite of tech-savvies bridging disperse networks within society. In Spain the Free Culture and Digital Common Movement had an important role in the genealogy of the 15Mproviding resources as well as an effective organizational logic incentivising individual participation (Fuster Morell, 2012). Networks of experienced media activists also played key roles in all major occupations in the US, generally through participation in media and tech tents and working groups (Costanza-Chock, 2012). Media teams often included experienced media activists who moved between movement networks bringing specific practices with them (ibidem).

In comparison with waves of mobilisation occurred in the era of web 1.0, mainly based on mailing lists, the indignados relied on web 2.0 platforms. While the former favoured a « networking logic » among different and autonomous collective actors, the latter facilitated a « logic of aggregation » among interpersonal networks mobilisingephemeral « crowds of individuals » difficult to keep together over time and« whichdisaggregate as easily as they aggregate » (Juris, 2012, 267). Moreover technologies embodying logic of aggregation « are far less effective than listservs for facilitating complex, interactive discussions regarding politics, identity, strategy, and tactics » (ibidem).While new media made communication cheaper, faster and easier mobilizing a great deal of inexperienced participants they also made it more complex, generating clashes and facilitating activists burn-out and disengagement (Mattoni, 2012).

Bibliographie

COSTANZA-CHOCK S., 2012, « Mic Check! Media Cultures and the Occupy Movement », Social Movement Studies, vol. 11, nos 3-4, p. 375-385.

DELLA PORTA D. (dir.), 2009, Democracy in Social Movements, Houdmills, Palgrave Macmillan.

DELLA PORTA D., 2013, Can Democracy Be Saved? Participation, Deliberation and Social Movements, Oxford, Polity Press.

DELLA PORTA D., ANDRETTA M., et al., 2006, Globalization from Below, Minneapolis, University of Minnesota Press.

FUSTER MORELL M., 2012, « The Free Culture and 15M Movements in Spain: Composition, Social Networks and Synergies », Social Movement Studies, vol. 11, nos 3-4, p. 386-392.

JURIS J.S., 2012, « Reflections on #Occupy Everywhere: Social Media, Public Space, and Emerging Logics of Aggregation », American Ethnologist, vol. 39, no 2, p. 259-279.

MATTONI A., 2013, « Beyond Celebration: Toward a More Nuanced Assessment of Facebook’s Role in Occupy Wall Street », Cultural Antropology, http://www.culanth.org/?q=node/643 (accès le 28/09/2012).

OFFE C., 1985, « New Social Movements: Challenging the Boundaries of Institutionnal Politics », Social Research, vol. 52, no 4, p. 817-868.

VALERIANI A., 2011, « Bridges of Revolutions. Linking People, Sharing Information, and Remixing Practices », Sociologica, no 3.

WISE P., 2011 (11 mars), « Portugal’s "Desperate Generation" Cries Out », The Financial Times.

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