Définition de l'entrée

Même s’il n’y a pas de théorie générale féministe de la démocratie participative, différents courants du féminisme critiquent et enrichissent les théories de la démocratie participative, dans un l’objectif implicite de dé-genrer la politique, ce qui ne va pas sans risques.

Pour citer cet article :

Paoletti, M. (2022). Féminismes. In G. Petit, L. Blondiaux, I. Casillo, J.-M. Fourniau, G. Gourgues, S. Hayat, R. Lefebvre, S. Rui, S. Wojcik, & J. Zetlaoui-Léger (Éds.), Dictionnaire critique et interdisciplinaire de la Participation, DicoPart (2ème édition). GIS Démocratie et Participation.
https://www.dicopart.fr/feminismes-2022

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Il n’y a pas de théorie générale féministe de la démocratie participative mais des prises, diverses, dans différents courants du féminisme, qui critiquent et enrichissent les théories de la démocratie participative. Il y a également des prises dans des théories de la démocratie participative qui consolident des visions féministes de la démocratie. Ces perspectives théoriques ne donnent pas lieu a suffisamment de recherches empiriques. Elles engagent des visions du genre, et nourrissent souvent des projets politiques, de sorte qu’il n’est pas toujours aisé de démêler ce qui relève d’hypothèses, d’idéal politique et de croyances. Au-delà de ce caractère hétérogène, l’apport des perspectives féministes à la DP est important, constant bien que peu visible.

Le féminisme comme mouvement théorique et social est en soi un projet de transformation de l’ordre social et politique (Naves 2021, Gardey 2011). Inscrit dans un horizon utopique, il est spontanément associé, selon l’ambition, à une forme de complément (à) ou de dépassement de la démocratie représentative, celle-là même dont les femmes ont été exclues près de 100 ans après les hommes en tant qu’électrices. Il a d’ailleurs fallu inventer un mot, « parité », pour qu’elles parviennent à peu près pleinement à l’éligibilité (Riot-Sarcey, 2013).

La spontanéité de l’association d’un mouvement pour l’égalité politique entre les femmes et les hommes et la démocratie participative appelle à la vigilance. L’idéal de féminisation du pouvoir rejoint d’autant plus l’idéal de démocratisation que contient la démocratie participative qu’ils ont en commun d’être aisément saisissables à travers un principe dichotomique. Participation/représentation d’un côté, versus féminin/masculin de l’autre avec une même tendance à la production d’un ordre dichotomique hiérarchisé, et contestable (la dichotomie comme la hiérarchie). Pour autant le féminisme théorique offre bien des perspectives à la démocratie participative, selon plusieurs angles.

Exclusion historique du politique et renouvellement de la démocratie

Au cœur de l’épistémologie féministe, se trouve le principe de donner leur place aux actrices, à leurs expériences et leurs voix souvent marginalisées et à donner toute sa valeur au savoir d’usage, celui-là même sur lequel repose la démocratie participative (Ollivier et Tremblay, 2000). Au-delà de ce principe partagé, c’est d’abord en tant qu’exclues historiques de la démocratie représentative que les femmes sont appelées à transformer la démocratie en développant conscience et pratiques participatives. Le courant participationniste de la citoyenneté pose la question de la participation des femmes aux institutions (empowerment) et le développement attendu de la participation par des femmes (la transformation des institutions) comme une nécessité et une disposition (Dietz, 2000). Les femmes sont invitées à déployer une conscience de la démocratie souhaitable en proclamant valeurs, relations et pratiques explicitement participatives, soit une démocratie féministe (Naves, 2020) : le projet de transformation de la société que porte le féminisme depuis plus d’un siècle doit s’ancrer dans la production d’une activité politique plus coopérative, plus égalitaire, plus à l’écoute, portée par des femmes politiques conscientes.

On peut en effet s’attendre à ce que la mise en place de dispositifs soit soutenue avant tout par les nouvelles venues en politique, des travaux montrant que le soutien aux modes alternatifs de prise de décision provenait des femmes et hommes politiques moins professionnalisés (Rangoni et al., 2021).

C’est alors bien en tant que nouvelles entrantes que les femmes amèneraient une conception plus participative de la démocratie, à l’instar d’autres groupes traditionnellement exclus du champ politique dénonçant la spécialisation et l’oligarchisation du champ politique (Guionnet, 2005). La particularité de cette perspective féministe est qu’elle associe dans un même mouvement l’ensemble des groupes minorés, la puissance critique de l’outil « intersectionnalité » ayant récemment encore consolidé cette perspective. La thèse développée par Iris Young dans la décennie 90 met en avant l’idée que la citoyenneté nécessite la représentation des perspectives des groupes sociaux défavorisés et donc de politiques différenciées au sein des processus décisionnels. Cela nous renvoie à la position prise en 1995 par Anne Phillips qui évoque la nécessité d’une « politique de présence » (Philips, 1995, Gret, 2008). Cette politique de la reconnaissance dont les arènes participatives ont vocation à particulièrement la mettre en œuvre, située dans le domaine culturel, a pu être critiquée pour son risque de minorer les inégalités socio-économiques. La critique féministe a en ce sens considérablement enrichi l’apport de J. Habermas, que cela concerne l’agir communicationnel ou l’espace public. Conditions de possibilité de la vie démocratique moderne, ces notions supposent que toutes les voix soient entendues pour déjouer la reproduction des inégalités, mais aussi que les groupes minorés prennent conscience de leurs propres intérêts pour être en mesure de les politiser avant d’intégrer l’espace public ‘universel’, notamment à travers des « contre-publics subalternes » (Fraser, 2001). L’illusion consistant à faire comme si l’ensemble des participant·es étaient égaux et indifférenciés quant à leur capacité à prendre la parole dans le registre admis comme légitime conduit à occulter, sous couvert d’espace public supposé neutre, le masculin tel qu’il se donne à voir pour universel. Pour ne pas figer les groupes dans une identité fermée, N. Fraser propose un « principe de parité de participation ».

L’attention à l’égale participation de tous les groupes minorés dont le féminisme est porteur s’est trouvé récemment vivifié par la perspective des féminismes intersectionnel et décolonial qui réaffirment le principe féministe de la prise en compte de tous les points de vue, situés et inégalement reconnus. Apparue au milieu des années 2000, l’intersectionnalité constitue un outil construit à partir des expériences individuelles et collectives de cumul des discriminations traversées par des rapports de pouvoir multiples. Le féminisme qui se qualifie de décolonial, inspiré du black feminism dans les années 80, a voulu penser un féminisme non occidental tout en dépassant l’opposition entre le Nord et le Sud, les blanches et les noires, tout en étant conscient des conséquences du colonialisme à long terme. Pour Kimberle Crenshaw (2005) ou Bell Hooks (2015), il s’agit de tisser des liens entre les différents féminismes mettant en évidence que des positions qui se prétendent « universelles » s’appuient sur des stéréotypes de genre ou ethno-centrés. Ces travaux enrichissent la vision de la démocratie participative comme devant reposer sur l’inclusion et l’égale reconnaissance des expériences mais aussi des inégalités socio-économiques.

L’apport du genre aux perspectives féministes de la démocratie participative

Le renouvellement des analyses féministes invite à encastrer l’analyse de genre dans une perspective intersectionnelle, sans perdre de vue la spécificité du rapport social de genre, fondé historiquement sur la place des femmes dans la reproduction (et ses conséquences sociales sur la famille et la politique). C’est pourquoi des théoriciennes insistent sur la spécification d’une citoyenneté différenciée à partir de la dualité du genre humain, selon deux voies, selon qu’elle s’appuie sur les liens mère/enfant, ou qu’elle prend appui sur les relations femmes/hommes, comme le rappelle Bérangère Marques-Pereira (2002). Ces deux positions en théorie politique ont en commun d’interroger la neutralité de la citoyenneté et de l’espace public et de leur corollaire, la coupure public/privé.

Des chercheuses féministes, telles que Suzan Moller Okin (2000), ont montré combien les théories politiques aveugles au genre conduisaient à une perpétuation non critique de la distinction public/privé et à ne pas voir le masculin derrière le neutre. La remise en cause de la dichotomie public/privé dont les théories féministes sont porteuses trouverait particulièrement à s’exprimer dans les arènes participatives et les mouvements sociaux, par exemple à travers la politisation de la question du temps des femmes et des hommes ou les violences sexuelles. Les jeunes chercheuses sont particulièrement portées à déconstruire dans leurs travaux la division public-privé (Giraud, 2014). La thèse maternaliste, qu’un réflexe féministe peut porter à tenir à distance pour ce qu’elle contient de contradictoire avec l’idée d’un individu abstrait, pour l’acception d’une reproduction de la division du travail qu’elle suppose, pour la production dichotomique des catégories femmes/hommes, adopte une vision de la conscience politique féminine ancrée dans les vertus de la sphère privée. Cette approche, fondant la participation des femmes à partir d’une affirmation de la positivité d’un féminin centré sur la famille, suscite des critiques fortes. Pour autant, il ne faut pas sous-estimer a priori cette « voix différente » (Gilligan, 1982) telle qu’elle peut émaner des arènes participatives, sauf à redoubler les processus de disqualification qui s’y jouent parfois. De ce point de vue, le « care » a ouvert dans le champ académique une controverse importante depuis la parution du livre de Carol Gilligan, In a different Voice (1982). La difficile prise en considération du « care » dans le champ académique (Laugier, 2011), en dépit du travail convaincant fourni par ses théoriciennes, tient surtout à la place, réduite, faite à la famille et la maternité dans la théorie politique, thèmes marginalisés dans le féminisme de la seconde vague. La redécouverte contemporaine de l’écoféminisme tend à rehausser la valeur du « care », en direction des humains comme de la nature, en utilisant la notion de « reclaim », qui vise à se réapproprier les qualités qu’on accole aux femmes et personnes identifiées comme femmes (douceur, gentillesse, altruisme, pacifisme etc.). Si ce courant multiple est en mesure de conférer une valeur aux liens d’interdépendance entre humains (notamment en position de domination et les autres) et non humains, et de nourrir une conception alternative du pouvoir, la question de la démocratie participative ne semble pas réellement prise en compte dans ses différentes versions (à l’exception de voix isolée comme celles de l’écoféministe Cynthia Hamilton qui plaide pour une « démocratie participative directe »), en particulier dans les écrits fondateurs de Françoise d’Eaubonne qui insiste plutôt sur la capacité personnelle à changer son rapport au monde (Benquet, Pruvost, 2019). Pour autant, ce courant peut nourrir des projets politiques, par exemple portés par Sandrine Rousseau ou Delphine Batho lors de la primaire écologiste de 2021, pour encastrer renouvellement de la démocratie et écoféminisme.

L’idée d’une citoyenneté duale à partir du sexe peut s’appuyer sur les relations entre les femmes et les hommes et pas seulement sur l’inscription historique des femmes dans la famille. Après avoir été une des fondatrices des théories de la démocratie participative contre les théories dites réalistes de la démocratie, privilégiant une participation limitée des citoyens, Carole Pateman (1988) a montré que derrière tout contrat, se rejouait un contrat sexuel, oppressif, premier et fondateur, soit un accord passé entre les hommes en tant que groupe pour assujettir les femmes en tant que groupe, et plus spécifiquement pour se garantir un libre accès à leur corps (Garrau, 2011). Elle critique la citoyenneté patriarcale fondée sur une universalité abstraite qui pose le masculin en norme de référence dans la sphère publique : « prendre au sérieux l’identité incarnée suppose l’abandon de l’individu masculin et unitaire et exige d’ouvrir un espace pour deux figures : l’une masculine, l’autre féminine » (Pateman, 1988 :307). Elle situe son analyse dans les théories de la domination et du patriarcat et de leur constante reconduction, théories qui peuvent être critiquées compte tenu de l’ampleur des changements intervenus au cours des dernières décennies entre les femmes et les hommes en particulier en Europe.

L’idée d’une citoyenneté duale nourrit des visions de la démocratie participative comme une arène privilégiée où les questions de genre doivent être portées pour irriguer l’ensemble de l’action publique. Ce sont bien des politiques conscientes du genre que les femmes et les promoteurs de la démocratie participative sont appelés à développer, dans le cadre favorable à une telle entreprise façonnée par le gender meanstreaming depuis 1995. Critiqué pour sa perspective réformatrice par des courants plus radicaux, le féminisme libéral cherche ainsi à promouvoir des femmes dans les lieux de pouvoir ou à insérer les valeurs féministes dans les institutions et les politiques publiques existantes.

Dé-genrer la politique

Pour autant l’idée d’une citoyenneté duale peut faire l’objet de critiques compte tenu de la reproduction d’un ordre dichotomique contribuant à forger un groupe des femmes et un groupe des hommes homogènes, alors même que le genre est un concept signalant l’arbitraire de cette production dichotomique, largement appuyée par ailleurs sur l’hétérosexualité.

Dans un contexte de crise globale, dont écologique et démocratique, deux formes idéales-typiques d’exercice du pouvoir ont pu être mises en avant à la faveur de la gestion de la crise COVID : l’une, exercée par des leaders nationaux-populistes aux accents homophobes et anti-immigrés, s’exerçant par la force et le refus du débat, surjouant la masculinité hégémonique, est incarnée par les figures, par exemple, de Donald Trump, Jair Bolsonaro, Viktor Orban. L’autre, attentive à l’environnement, au racisme, aux inégalités sociales, tenant à distance les rhétoriques de la force, s’avère beaucoup plus attentive à l’intégration des points de vue, et s’actualise dans le leadership, par exemple, de Jacinda Adern en Nouvelle Zélande, Erna Solberg en Norvège, Katrin Jakobsdottir en Islande ou Angela Merkel en Allemagne. Au-delà de ces formes dont le contraste est appuyé, c’est toute la politique et le leadership en politique qui apparait genré au regard de sa construction historique (Naves, 2020). Dès lors, la démocratie participative apparait comme une voie pour dé-genrer la démocratie politique, avec un risque pointé par Francesca Poletta et Pang Chin Bobby Chen : les modèles de participation aujourd’hui valorisés correspondent à des modes de communication « stéréotypés féminins », perçus comme mieux ajustés aux enjeux d’une délibération démocratique, tels que le souci des processus plutôt que des résultats, l’attention aux sentiments et aux expériences personnelles et non aux seuls arguments rationnels, les dispositions à l’écoute, les habiletés à la préservation des relations. Avec un risque de désertion des hommes à l’égard de ce secteur de l’espace public, tels qu’on les observe pour les professions féminisées, ce qui pourrait conduire à maintenir, voire accentuer, la position subalterne de la démocratie participative par rapport au système de représentation démocratique (Paoletti, Rui, 2015).

C’est donc bien à travers la consolidation et le réhaussement de la démocratie participative que l’ordre politique genré pourra se transformer.

Bibliographie

Benquet, Marlène et Pruvost, Geneviève, « Pratiques écoféministes : corps, savoirs et mobilisations », Travail, genre et sociétés, vol. 42, no. 2, 2019, pp. 23-28.

Crenshaw, Kimberlé W., « Cartographies des marges : intersectionnalité, politique de l’identité et violences contre les femmes de couleur », Cahiers du genre, 39, 2005, pp. 51-82

Dietz, Mary, « Tout est dans le contexte : féminisme et théories de la citoyenneté », in T.-H. Ballmer-Cao, V. Mottier, L. Sgier (dir.), Genre et politique, Paris, Gallimard, 2000, p. 122-166.

Fraser, Nancy, « Repenser la sphère publique : une contribution à la critique de la démocratie telle qu’elle existe réellement », Hermès, 31, 2001, p. 127-156.

Gardey, Delphine (Dir), Le féminisme change-t-il nos vies ?Textuel, Paris, 2011.

Gilligan, Carol, In a different voice : Psychological theory and women’s development, Cambridge, Harvard University Press, 1982 (2008, Une voix différente, Paris, Flammarion).

Giraud, Isabelle. « Féminisme, participation politique des femmes et « publics contestataires » : dépasser la dichotomie privé-public et penser les liens du local au global », Participations, vol. 9, no. 2, 2014, pp. 263-276.

Gret, Marion « Genre et démocratie participative au Brésil », Lusotopie, XV(2), 2008, 95-105.

Hooks, Bell, Ne suis-je pas une femme ? Femmes noires et féminisme, Paris, Cambourakis, 2015

Laugier Sandra, « Le care comme critique et comme féminisme », Travail, genre et société, 26, 2011, p. 183-188

Marques-Pereira, Bérangère, « Le genre et les travaux anglo-saxons sur la citoyenneté », colloque AFSP, 30 mai 2002, http://www.afsp.msh-paris.fr/archives/2002/genretxt/marques.pdf

Moller Okin, Suzan, « Le Genre, le public et le privé », in T.-H. Ballmer Cao et al. (dir.), Genre et politique : débats et perspectives, Paris, Gallimard, 2000, p. 345-396.

Naves, Marie-Cécile, La démocratie féministe, Paris, Calmann-Levy, 2020

Ollivier, Michèle et Tremblay, Manon, Questionnements féministes et méthodologie de la recherche, Editions L'Harmattan, 2000.

Pateman, Carol, The Sexual Contract, Cambridge, Polity Press, 1988 (2010 Le Contrat sexuel, traduction française de Charlotte Nordmann, Paris, La Découverte).

Philipps, Ann, The Politics of Presence, Oxford, Clarendon Press, 1995.

Poletta, Francesca, Chen, Pang Chin Bobby, 2013, « Gender and Public Talk Accounting for Women’s Variable participation in the Public Sphere », Sociological Theory, 31 (4), p. 291-317.

Rangoni, Sacha, Bedock, Camille, Talukder, David. « More competent thus more legitimate? MPs’ discourses on deliberative mini-publics ». Acta Politica, Palgrave Macmillan, 2021

Riot-Sarcey, Michèle, « Démocratie », in C. Achin, L. Bereni (dir.), Dictionnaire Genre et science politique, Paris, Presses de Sciences Po, p. 142-154, 2013.

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