Définition de l'entrée

Sens 1 : Accord, identité de vue ou d’intérêt entre des parties ; approbation, consentement mutuel à une même proposition. Antonyme : Désaccord, divergence d’opinions déclarée, opposition entre thèses contradictoires.

Sens 2 : Concorde, convenance générale entre parties d’un tout uni dans la paix, entente en bonne intelligence ; communauté de pensée et de sentiment sous-jacente au dialogue. Antonyme : Discorde entre partis divisés et adverses ; dissentiment profond, différend grave, source d’hostilité ; dissonance idéologique, mésentente.

Pour citer cet article :

Corroyer, G. (2022). Consensus/Dissensus. In G. Petit, L. Blondiaux, I. Casillo, J.-M. Fourniau, G. Gourgues, S. Hayat, R. Lefebvre, S. Rui, S. Wojcik, & J. Zetlaoui-Léger (Éds.), Dictionnaire critique et interdisciplinaire de la Participation, DicoPart (2ème édition). GIS Démocratie et Participation.
https://www.dicopart.fr/consensus-dissensus-2022

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Une double polarité

Dans le langage ordinaire et savant de la participation publique, le couple consensus/dissensus fait l’objet d’usages ambivalents : « consensus » désigne indifféremment l’accord conclu, la compréhension mutuelle ou la concorde publique ; son contraire connote aussi bien le simple désaccord d’opinions que la discorde radicale. Or, ces oppositions n’ont pas le même statut théorique ni la même portée politique. Une polarité de premier niveau, ou de surface, oppose l’accord au désaccord : elle s’attache aux attitudes propositionnelles, identiques ou opposées (en tout cas univoques), soutenues par des interlocuteurs à propos d’objets communément définis. Une polarité de second niveau, plus profonde, oppose l’entente à la mésentente : elle s’attache aux significations, homologues ou clivées (en tout cas plurivoques), dont disposent les participants pour cadrer le débat et interroger la pertinence des enjeux. Il faut donc dédoubler chacun des termes pour saisir les incidences du glissement d’un niveau à l’autre, lequel revêt une portée considérable. Ainsi, l’une des filiations centrales de l’approche « délibérative », l’éthique de la discussion, se fonde sur une liaison orientée entre l’intercompréhension (consensus-2) et l’approbation (consensus-1), à partir du double sens de la locution allemande einverständnis : comprendre, ce serait saisir les raisons d’acquiescer ; l’intelligibilité d’un énoncé n’étant plus séparable de son acceptabilité, la signification comprise de la validité accordée (Habermas, 1987).

Cette double polarité questionne toute visée de résolutions publiques concertées qui prétendrait enjamber le second niveau pour se jouer seulement au premier. En effet, tout comme l’adhésion, le désaccord tranché pour/contre une même thèse suppose acquise la communicabilité des opinions : les contradicteurs s’entendent pour s’opposer dans un même cadre de principes non remis en cause ; ainsi formaté, le dissensus-1 ne s’accompagne pas forcément d’un conflit et peut se dénouer par concession ou réfutation. Mais il en va tout autrement dans le dissensus-2 : la mésentente sur le sens interdit aussi bien de conclure un accord que d’acter un désaccord ; et par contraste avec la simple divergence (disagreement), la dissension (dissent) accroît l’intensité du clivage et la gravité des enjeux, parce qu’elle touche aux concept(ualisa)tions sous-tendant les croyances, à savoir les catégories qui délimitent l’interrogeable, sur lesquelles il n’est pas question de transiger. Tout débat non trivial procède normale­ment d’une non-coïncidence de ces significations ; et sauf à postuler une traductibilité réciproque, leur appréhension conjointe ne peut qu’échapper aux acteurs.

Or, les théories délibératives se sont ingéniées à éluder ce double-fond. Assimilée à une sélection concertée des opinions supposant leur intelligibilité mutuelle, la « rationalité communicative » a épousé l’irénisme pour exclure la dissonance : qu’on invoque un arrière-plan de significations partagées unissant les citoyens (consensus-2) ou qu’au contraire l’on évacue du débat public la plurivocité polémique des valeurs pour leur permettre de s’accorder (consensus-1), il s’agit toujours de conjurer le « dialogue de sourds » (Angenot, 2008) réputé stérile ou insignifiant. L’espace public tolérerait seulement l’expression du dissensus-1, désaccord normalisé et en droit surmontable par résolution dialectique, en vertu de dispositifs de participation purement spéculatifs (« situation idéale de dialogue », « justice procédurale », etc.).

Il a fallu attendre une période plus récente pour que le second niveau de la polarité soit investi, en faveur d’un renversement ; le dissensus-2 étant reconnu dans son caractère incontournable mais aussi sa productivité signifiante, du moins lorsqu’il s’attache à la participation subversive de publics dissidents interrompant le consensus des dominants.

Entente ou accord : les querelles du concordisme

La notion de « démocratie délibérative » (Sintomer, 2011 : 120-123) est marquée par la référence à des théories politiques que nous appelons « concordistes », faisant du consensus le télos ou le critère d’évaluation du débat public, défini à partir d’idéaux normatifs : égalité de tous les participants face à la critique ; contrainte de justification par la visée du bien public ; disposition coopérative à l’écoute et ouverture des préférences à la révision ; neutralité des raisons et soumission au meilleur argument. Mais divers concordismes entrent en controverse, justement, sur la question de savoir si l’entente (consensus-2) est ou non nécessaire à la visée d’un accord (consensus-1), et si la première prime le second ou l’inverse.

Sous le label d’herméneutique communautarienne rassemblons ceux qui, en dépit d’autres divergences, répondent par l’affirmative sur les deux points. Selon eux, l’échange public des raisons n’a de sens qu’au sein d’une communauté de langage et de culture, unie par des traditions civiques ancrées dans une conception du bien public faisant autorité (notion antique de la concorde, homonoia). Cette ouverture sémantique au « monde commun », assurant l’homologie des discours, conditionne la légitimité de l’accord pragmatique sur les états de choses qui peuvent et doivent y apparaître (Arendt, 1995). Le désaccord (dissensus-1) s’enlève aussi sur ce partage originaire, maintenant les opinions rivales dans l’horizon unifié qui les rend évaluables : la justesse relative des rhétoriques dépend de leur consonance avec les « compréhensions partagées » quant à la hiérarchie des finalités et la distribution des biens sociaux (Walzer, 1997). L’entretien ou la restauration du consensus-2 prime donc l’obtention du consensus-1 et ne saurait lui être sacrifié sans dommage : réduite à la ratification de normes abstraites vidées de tout contenu substantiel, faute d’une entente sur leur signification et leur valeur, l’union symbolique serait perdue. Une telle fuite du sens public est censée menacer les démocraties modernes, individualistes et multiculturelles : le monde commun s’en retirerait au profit d’une association rationnelle d’individus privés, l’intérêt général se réduisant à une procédure d’universalisation des volontés désencombrée de l’appartenance politique incarnée dans un peuple.

À l’inverse, le contractualisme libéral tient que dans des sociétés qui ne sont plus des mondes homogènes, où le consensus-2 ne saurait être imposé que par un État autoritaire, il faut renoncer à fonder la paix civile sur une « doctrine compréhensive » du bien ; la coexistence d’une pluralité irréductible de telles doctrines étant source de discordes qu’il est vain d’espérer trancher rationnellement. L’entente se réduit ici à un évitement du dissensus-2 : en matière de bien public, les citoyens d’une démocratie libérale n’endossent qu’une déontologie procédurale, fondée sur l’égal respect des droits individuels et l’impartialité de l’État envers toutes les doctrines ; chacun reste libre d’entendre ces règles de coopération par référence aux valeurs de son choix, mais à titre privé, pour autant qu’il renonce à les revendiquer publiquement avec intransigeance. Sitôt admis comme fait du pluralisme, favorisé par les vertus de tolérance et de civilité, le « désaccord raisonnable » se voit neutralisé dans les limites d’une raison publique n’admettant que les justifications susceptibles de faire l’objet d’un « consensus par recoupement », sorte de compromis interprétatif (Rawls, 1993) : pour parvenir à s’accorder (consensus-1), il ne faut justement pas chercher à s’entendre au risque d’aggraver le conflit. Le débat public idéal serait donc celui qui élargit la base d’accord sans en approfondir le sens, et suspend les questions controversées en obligeant les interlocuteurs à n’employer que des arguments qui peuvent être agréés par tous les autres (Larmore, 1994).

De ces camps adverses du concordisme, l’éthique de la discussion prétend faire la synthèse. Comme en herméneutique, l’intercompréhension (consensus-2) reste présupposée avec le langage, code ou « médium » commun prérequis pour la vérité des propositions et la validité des actes de parole. Même si la modernité a morcelé les horizons symboliques, dans l’espace public où la raison régule le sens, ils ne se mesurent qu’au travers de discussions présumées homologiques portant sur l’existence de faits, la justesse de normes ou la sincérité d’intentions : toute prétention de cet ordre constitue une offre d’accord (consensus-1) à l’adresse d’un allocutaire à convaincre ou d’un public devant lequel se justifier. Placée sous l’idéal régulateur d’un « dialogue » soustrait au pouvoir comme aux divisions partisanes, l’argumentation critique est censée impliquer un décentrement des perspectives, sinon une « fusion des horizons », aussi bien en matière de connaissance que de décision politique ; la démocratie délibérative serait l’institutionnalisation de ce principe en « pouvoir communicationnel » (Habermas, 1997). Pour rendre plus plausible ce dépassement du dissensus-2 entre versions de monde partiellement incompatibles, la Diskursethik retient du contractualisme qu’il faut séparer les questions de valeur relatives à la vie sensée, à privatiser car controversées, et les problèmes normatifs de justice réputés susceptibles de « reconnaissance intersubjective », id est d’une unique solution valide promise au consensus (Habermas, 1998).

« Dialogique » : le malentendu

La prégnance de ce dernier modèle se mesure à l’abondance des critiques dont il a fait l’objet. Pour autant, son aporie majeure reste encore méconnue, enveloppée dans l’idée reçue selon laquelle il serait « dialogique ». Cette notion, vulgarisée sans rigueur avec celle d’ « agir communicationnel », est devenue synonyme d’un primat du dialogue au nom de l’optimalité rationnelle et morale censée lui être immanente : il suffirait que ce « vrai » dialogue s’installe pour désamorcer le dissensus-2, selon le leitmotiv – gratuit – que l’ « échange des rôles » entre ego et alter conduirait chacun à « se mettre à la place » de l’autre, de sorte qu’ils en viennent par symétrie à coïncider dans l’univocité (consensus-2). Cette « unité de la raison au sein de la pluralité de ses voix » (Habermas, 1993) a de quoi laisser perplexe.

Qu’une telle homo(mono)logie des voix soit présentée comme « dialogique » devrait susciter des réserves ; au moins eu égard aux sciences du langage et de la communication qui usent de ce terme en un sens fort éloigné et même inverse, puisqu’il désigne une pluri-vocalité constitutive du dire, lui interdisant justement l’unification. Au lieu du dialogue comme norme télique, le concept central est celui de « dialogisme » : contrainte relationnelle imposant à l’énonciation la participation d’au moins deux voix, qui s’entre-déterminent dans l’interlocution (Corroyer, 2022). Voix inséparables donc, mais aussi hétérogènes et non-coïncidentes ; car si elles revenaient au même, il n’y aurait plus rien à se dire – ici encore, à l’enseigne du structuralisme, signifier c’est différer.

À cet égard, le lieu commun selon lequel une « philosophie du dialogue » porterait le dialogisme à sa plénitude recèle un impensé qui fait obstacle épistémologique : même lorsque l’univocité n’est plus posée au départ compte tenu de la division des idéolectes socioculturels (Jacques, 1991), elle reste à conquérir à l’arrivée par homologation mutuelle ; une transaction entre cadres sémantiques ne serait « féconde » qu’à les conjoindre dans le partage ou la communion des voix, et plus seulement leur participation réciproque. Or, ériger la communicabilité en condition du sens entraîne une conséquence grave : condamner à l’insignifiance le dissensus-2, réduit à un croisement de monologues impénétrables l’un par l’autre où rien ne peut se dire entre ceux qui parlent. On l’a montré (Corroyer, 2016), ce paradoxe de la discorde insensée mine, voire ruine, le concordisme dialogal.

Désaccord ou mésentente : les vertus de la discorde

Si l’aporie dialogique reste ignorée, le paradigme délibératif a vu son emprise contestée (Blondiaux, 2008) pour des motifs qui vont se révéler connexes. Les modèles alternatifs croisent plusieurs inspirations rompant avec la norme du consensus : d’abord le renouveau de la théorie critique, qui lie l’émancipation à un dépassement du modèle dialogal réintégrant la lutte pour la reconnaissance des dominés (Honneth, 2000) ; ensuite l’idée de démocratie radicale, qui dénie aux élites déléguées tout titre à gouverner au nom de l’égalité absolue de quiconque avec tous, et d’un peuple figuré comme opérateur de division entre le commun et ses « sans part » (Rancière, 1995) ; enfin, un « pluralisme agonistique » qui fait l’éloge du conflit comme garant de la liberté politique et, dans la lignée postmoderne, promeut la mise en question perpétuelle des « signifiants-maîtres » contre leur saturation hégémonique (Mouffe, 2016). Au plan analytique, il s’agit de penser l’irruption de collectifs d’énonciation dans un champ du pouvoir marqué par l’asymétrie, contre la fiction d’un forum public paritaire et non divisé de citoyens raisonnables. Au plan normatif, la convergence au terme d’une persuasion mutuelle (consensus-1) ou d’une réfutation consentie de l’opinion opposée (dissensus-1), dans un cadre neutralisant l’hétérologie des voix, est récusée comme idéal souhaitable.

Parce que l’agôn adversatif propre au politique s’exprime dans la cristallisation de clivages à travers lesquels l’identité se constitue par différence – héritage du structuralisme, qui marque aussi le dialogisme –, la démocratie tient sa vitalité même de la mésentente (dissensus-2) : ses idéaux n’engagent les citoyens à débattre qu’en les divisant sur leur signification et leur priorité relative. Le sens politique étant pomme de discorde, une raison publique circonscrivant l’espace uniforme des arguments recevables ne peut qu’en précipiter la disparition. Le télos de l’entente, ou le cantonnement dans les limites d’un désaccord raisonnable, sont ici discrédités pour les raisons mêmes qui les font valoriser dans le camp concordiste. L’appel au sensus communis (consensus-2) est dévoilé comme formatage du questionnable recouvrant la division du monde : consentir, c’est faire partie de ceux qui ne trouvent rien à redire à la distribution du possible et du souhaitable, parce qu’ils perçoivent et interrogent à partir d’un même « partage du sensible » (Rancière, 2000) assurant la vraisemblance, l’univocité et la concordance des données de l’apparaître. Ce bon sens supposé unique n’admet qu’une contradiction homogène, privée d’altérité véritable, entre des « solutions » alternatives à des « problèmes » appréhendés de concert. L’universalisation intersubjective n’est qu’un avatar du règne de l’Un, « police de la pensée » fondée sur une exclusion de l’hétérogène (Lyotard, 1983) : y compris chez les absolutistes du dialogue, ennemis du différend incommunicable à conformer ou réduire au silence – par « autocontradiction performative », négation des présupposés concordistes censément impliqués par tout discours (arme « ultime » selon Apel, 1991). Quant au repli sur un consensus par recoupement faisant l’économie de l’entente, il n’en servirait pas moins la domination des principes majoritaires. Convenir que les « vraies questions », qui divisent en profondeur, doivent laisser la place à un échange d’opinions préformaté (d’accord/pas d’accord), c’est renoncer à voir dans les dispositifs de participation autre chose qu’une ingénierie du consensus pour la régulation du système néolibéral.

Selon nous, les vertus d’une « démocratie agonistique » seraient les suivantes. D’abord, par contraste avec une démocratie délibérative purement contrefactuelle, ne plus faire l’impasse sur les enjeux de pouvoir ni les conflits : en politique, il s’agit surtout de contraster les positions, pénétrer les problématiques adverses pour inverser ou dissocier leurs catégories, afin d’introduire d’autres objets de préoccupation commune et forcer des réalités incompatibles à loger dans un même monde de référence. Ensuite, bien que ses tenants se méprennent en dénonçant comme « dialogique » le canon concordiste, l’agonistique implique le dialogisme – l’intrication de voix en écart différentiel –, à la différence des éthiques du dialogue qui en sont créditées : l’entente ne saurait être présumée ni recherchée dès lors que la mise en valeur des réalités significatives engage des catégories essentiellement plurivoques, échappant à la dialectique bivalente et ses « prises de position par oui ou par non ».

En revanche, et il s’agit d’une limite, la participation agonistique se veut ici à ce point radicale qu’elle prend statut d’exception : l’intrusion du dissensus ne pourrait être portée que par l’activisme résistant de « contre-publics subalternes » (Fraser, 2003) – laissés pour compte, minorités discriminées –, dans un espace public dont le logocentrisme étroit les exclut. Il n’y aurait dissensus que par interruption des rivalités complices de la scène légitime au profit de luttes alternatives rebelles à l’ordre institué ; un dialogisme agonique serait celui qui rend une voix aux sans-lieu, porte au discours ce qui n’était perçu que comme bruit, clameur de la plèbe ou tumulte des multitudes révoltées. Une telle dramatisation minimise indûment les discordes idéologiques plus ordinaires. D’abord dans les débats de la démocratie représentative, compte tenu du préjugé tenace d’une « fin des idéologies » ; or, force est de constater qu’il suffit à des politiciens adverses de prétendre mettre au jour le clivage qui les sépare pour qu’ils s’exposent au différend, id est au redoublement de la différence en versions dissonantes (Corroyer, 2011). Mais la discorde prolifère aussi bien sur les forums de discussion en ligne, à propos de toutes les questions sensibles ; en fonction de la politisation des enjeux, il peut en aller de même dans les débats publics de la démocratie participative – y compris sur les dossiers techniques relatifs à l’urbanisme, aux OGM, la bioéthique, etc. –, à mesure que le savoir porté par les experts, censé stabiliser le sens des concepts en cause, se prête aux divisions.

Participer : entre consensus et dissensus ?

Assurément, cette opposition engage l’idée même de participation des publics, d’autant que certains dispositifs en intègrent une vision orientée ; s’agissant par exemple des « conférences de consensus », l’on peut se demander ce que recouvre au juste le terme. À cet égard, il faudrait distinguer les différents dispositifs – concertation, débat public, jury citoyen, sondage délibératif, budget participatif, etc. –, selon que la participation s’y trouve liée à la contrainte pratique d’un accord ou d’un départage des opinions en vue d’adopter des résolutions (sur le modèle de la délibération stricto sensu), ou déliée de cette contrainte (sur le modèle de la controverse ou du débat).

Mais les tensions croisées de la double polarité invitent à aborder plus finement chaque contexte en fonction du niveau de consensus et/ou de dissensus visé, ou affiché. Ces conditions peuvent porter certains acteurs à chercher à s’entendre (consensus-2) pour clarifier des divergences (dissensus-1), d’autres à s’accorder au prix de concessions (consensus-1) en renonçant à s’expliquer, et d’autres encore à creuser les différences. Au plan argumentatif, il faudrait distinguer si la finalité poursuivie par les participants est de rallier l’auditoire à leur position par persuasion (consensus-1) ou réfutation (dissensus-1) et, le cas échéant, s’ils peuvent compter sur la traductibilité voire l’assimilabilité des positions adverses (consensus-2) ; ou bien, au contraire, si la controverse est portée au cœur de ces mots « nôtres » et « autres » à travers lesquels les voix se corrèlent par inversion (dissensus-2). Une analyse dialogique de ce type permettrait de classer la variété des usages participatifs, sans prétendre les normer.

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